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Jean-Louis Jacopin

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Jean-Louis Jacopin, Professeur d'interprétation

Sous la direction, conception et réalisation de Jean-Louis Jacopin, onze comédiens déclinent avec brio les mille et une facettes de l’Amour dans "Une rose lui battait dans la poitrine". Classiques, modernes ou oniriques, les scènes jouées et filmées s’entremêlent et se superposent en un fulgurant kaléidoscope qui nous raconte l’éclatement d’un monde à la fois tragique et drôle où chacun cherche sa place. Un rêve dans le rêve.

Une rose lui battait dans la poitrine

S / UNE ROSE LUI BATTAIT DANS LA POITRINE. D’OÙ VIENT CE TITRE ?

J-L. Il s’agit d’un vers tiré de « Tombeau pour Gérard Philipe » d’Henri Pichette, un poète dont on parle peu mais qui fut grand. Mais parle-t-on des poètes aujourd’hui ?

S / TROP PEU, VOUS AVEZ RAISON. ET POURQUOI AVOIR CHOISI CE TITRE?

J-L. D’abord parce que je le trouve très beau, ensuite parce que le spectacle parle d’amour et que Gérard Philipe en fut le symbole, enfin parce que l’idée de la mort côtoyant l’amour me plaît énormément. Vous savez dans « Songes et discours » de Quevedo un écrivain espagnol du 17ème siècle, il y a une scène où la mort prend un homme par la main et lui dit, en lui montrant des hommes et des femmes qui s’amusent ensemble : « tu vois ça ! Eh bien, c’est la mort en train de se faire ». Au fond, c’est le rôle du théâtre de montrer cela. Kantor l’avait bien compris.

S / EST-CE QUE CELA VEUT DIRE QUE VOTRE SPECTACLE EST GRAVE ?

J-L. C’est comme si vous me demandiez si la vie est grave. Je vous répondrais oui. Et non. Il y a des moments d’émotion et d’autres où l’on rit et, comme dans l’amour, puisqu’il s’agit de cela, la violence et la tendresse se frôlent sans cesse.

S / COMMENT EST CONSTRUIT VOTRE SPECTACLE ?

J-L. Comme un rêve qui traverse cinq siècles. Il fallait faire en sorte que onze jeunes comédiens et comédiennes incarnent, pendant une heure et demie, l’insoutenable légèreté de l’être dont parle Milan Kundera. J’ai donc choisi comme point de départ les scènes d’amour parmi les plus grandes que le théâtre ait pu nous offrir : « Roméo et Juliette » et « Richard III » de Shakespeare, « Le Misanthrope » de Molière, « Phèdre » de Racine, « Les Femmes de bonne humeur » de Goldoni et « On ne badine pas avec l’amour » de Musset pour les citer dans l’ordre chronologique de leur écriture.

S / COMÉDIES ET TRAGÉDIES SE MÊLENT DONC INDIFFÉREMMENT.

J-L. Exact. Mais comme je vous l’ai dit, il s’agit d’un rêve : celui d’une comédienne qui voudrait jouer tous ces rôles. Alors elle se les invente, les met en scène. Mais voilà que Célimène, Juliette, Camille, Roméo, Perdican et les autres lui échappent et que les comédiens qui les jouent se mettent eux aussi à raconter leurs rêves, ceux que l’on fait habituellement quand on cherche la sincérité de son rôle ou quand approche la première représentation…

S / POURRAIT-ON DIRE ALORS QU’IL S’AGIT DE RÊVES DANS LE RÊVE ?

J-L. C’est exactement cela. Ce sont d’ailleurs des moments où les personnages de toutes les pièces se rencontrent, se croisent sur la scène tandis que, au lointain, leurs images tremblantes, déformées, sont projetées dans d’autres situations, comme si la narration du rêve n’en était que son mensonge.

S / IL Y A AUSSI, JE CROIS QUELQUES SCÈNES CONTEMPORAINES ?!

J-L. Oui. Qui fonctionnent comme des flashes. Au sortir des scènes classiques, les acteurs sont saisis par la réalité, comme s’ils s’étonnaient de se rencontrer là. Ils échangent des banalités, des mots sans importance. C’est dans ces instants-là qu’ils agissent et parlent comme des pantins. Comme si l’habitude de vivre les avait façonnés dans le même moule.

S- VOULEZ-VOUS DIRE QUE CE QU’ILS CROIENT ÊTRE LA VIE N’EST PAS LA VIE ?

J-L. C’est que, comme le disait Calderon de la Barca, « la vie est un rêve ».

S / ÇA FAIT DEUX FOIS QUE VOUS VOUS RÉFÉREZ À UN AUTEUR ESPAGNOL…

J-L. Oui deux contemporains de Cervantes le père de Don Quichotte, un qui croyait dur comme le fer du plat à barbe qui lui servait de casque, que sans utopie, le monde serait invivable.

S / C’EST CE QUE VOUS CROYEZ VOUS AUSSI ?

J-L. Je relis régulièrement Don Quichotte.

S / CE SERA LE MOT DE LA FIN ?

J-L. Si vous voulez.